Français de souche

    De Observatoire du Langage
    Français de souche
    Type Expression identitaire
    Auteur Usage populaire, repris par l’administration coloniale et par divers acteurs politiques
    Date XIXᵉ siècle (popularisation)
    Contexte Débats sur l’identité nationale, l’immigration et la citoyenneté
    Pays France
    Thème Nationalité, identité, immigration

    Expression employée pour distinguer des Français dits « autochtones » ou « originaires » des Français issus de l’immigration récente. Son usage est aujourd’hui très controversé et largement critiqué.

    Définition

    Expression désignant, parmi les personnes de nationalité française, celles considérées comme appartenant à une lignée « autochtone » ou « purement française », sans ascendance étrangère récente. Elle suppose une opposition implicite entre les « Français de souche » et les « Français issus de l’immigration » ou « Français de papier ». [1]

    « Il n’y a pas de définition scientifique du “Français de souche”. » — Hervé Le Bras, démographe, 2015.[2]

    Contexte

    Expression apparue au XIXᵉ siècle dans des débats sur la nationalité et l’identité, puis utilisée dans un cadre colonial, notamment en Algérie française, où l’on distinguait « Français de souche européenne » et « Français de souche nord-africaine ». Elle réapparaît dans les débats contemporains sur l’immigration et l’intégration, particulièrement à partir des années 1990.

    Objectifs implicites

    • Distinguer une appartenance « ancienne » ou « authentique » de la nation française.
    • Mettre en avant une différence symbolique entre Français selon leur ascendance.
    • Valoriser une vision essentialiste de l’identité nationale.

    Exemples

    • Catégories administratives sous l’Algérie française : « Français de souche européenne » / « Français de souche nord-africaine ».
    • Utilisation par François Hollande au dîner du Crif en 2015, qui déclenche de vifs débats. [3]

    Analyses

    Analyses académiques

    • Patrick Weil souligne que l’expression repose sur une vision faussement homogène de la nation française, alors que l’histoire nationale est faite de migrations successives.

    [4]

    • Hervé Le Bras considère que la notion de « souche » n’a aucune valeur scientifique et ne correspond à aucune réalité démographique.

    [5]

    Réactions politiques et sociales

    • Critiques : expression jugée discriminatoire et excluante, car elle oppose les citoyens selon leur ascendance.
    • Rejet institutionnel : aucun texte de loi ni aucune statistique officielle n’emploie ce terme, car il est contraire au principe d’égalité républicaine.
    • Récupération identitaire : largement utilisée par des mouvances d’extrême droite (ex. site Fdesouche).

    Analyse sociologique

    • L’expression alimente une vision essentialiste et ethnicisée de la citoyenneté.
    • Elle contribue à délégitimer la naturalisation et à établir une hiérarchie symbolique entre les Français.

    Variantes

    • Français de souche européenne (FSE)
    • Français de souche nord-africaine (FSNA)
    • Natifs au carré (expression plus neutre proposée dans certains travaux statistiques)

    Sources

    Notes et références

    Modèle:Références