Le monopole du cœur
| Le monopole du cœur | |
|---|---|
| Type | Petite phrase / formule polémique |
| Auteur | Valéry Giscard d’Estaing |
| Date | 10 mai 1974 |
| Contexte | Débat de l’entre-deux-tours de l’élection présidentielle française |
| Pays | France |
| Thème | Communication politique, émotions, rhétorique |
Formule restée célèbre dans l’histoire des débats politiques français, utilisée par Valéry Giscard d’Estaing pour contrer l’image d’humanisme revendiquée par François Mitterrand.
Définition
« Vous n’avez pas, Monsieur Mitterrand, le monopole du cœur » est une réplique prononcée par Valéry Giscard d’Estaing lors du débat télévisé de l’entre-deux-tours de l’élection présidentielle de 1974. Elle visait à briser l’opposition implicite entre un candidat perçu comme le représentant de la gauche humaniste (Mitterrand) et un candidat de la droite technocratique (Giscard).
Cette formule est devenue une référence dans l’art oratoire politique, régulièrement citée comme l’un des coups de théâtre les plus marquants des débats télévisés français.[1]
« Vous n’avez pas, Monsieur Mitterrand, le monopole du cœur » — Valéry Giscard d’Estaing, 10 mai 1974, débat présidentiel.[2]
Contexte
Lors du débat de 1974, François Mitterrand met en avant son souci des plus modestes et accuse son adversaire de mener une politique injuste. Giscard lui rétorque alors qu’il n’a pas l’exclusivité de la compassion. La phrase frappe par sa simplicité et par l’émotion qu’elle suscite, contribuant à l’image d’un Giscard plus humain et accessible.[3]
Objectifs implicites
- Désamorcer l’argument moral de Mitterrand.
- Redonner de la légitimité affective à la droite réformatrice.
- Marquer un temps fort médiatique mémorable.
Conséquence immédiate La formule est restée comme l’un des « moments Giscard », citée par de nombreux commentateurs comme ayant participé à son image de président moderne et sensible.[4]
Analyses
Analyses académiques
- Les chercheurs en communication politique soulignent le caractère performatif de cette formule, qui inverse le rapport de force en quelques mots.[5]
- Pour l’historien Jean Garrigues, la phrase illustre l’importance de la petite phrase comme arme électorale dans la Ve République.[6]
Réactions médiatiques et politiques
- À l’époque, la formule frappe l’opinion et est abondamment reprise dans la presse.[7]
- Elle devient ensuite un cas d’école des stratégies rhétoriques en débat télévisé.[8]
- Elle est régulièrement citée comme un exemple de réplique décisive dans les manuels de sciences politiques.[9]
Analyse sociologique
- La formule illustre la manière dont une émotion (le cœur, la compassion) peut être politisée et disputée.[10]
- Elle participe d’un mouvement plus large : la personnalisation de la politique et la montée de la télévision comme scène principale du débat démocratique.[11]
Variantes
- Le monopole du cœur est devenu une expression générique pour désigner le fait de revendiquer un privilège moral dans un débat.
- Réemplois ironiques ou parodiques dans le champ politique ou médiatique :
* « Le monopole du social » * « Le monopole de l’écologie »
Sources
- Alain Duhamel, Les grands duels de la Ve République, Plon, 2009
- Jean Garrigues, Les grands débats politiques, Armand Colin, 2012
- Patrick Charaudeau, Langage et discours politiques, Hachette, 2005
- Serge Berstein et Jean-Pierre Rioux, La France de l’expansion, Seuil, 2005
- Monique Dagnaud, La tentation populiste, PUF, 2012
- Jean-Marie Cotteret, La Communication politique, Armand Colin, 1991
Notes et références
- ↑ INA, Le monopole du cœur, 2020
- ↑ Giscard-Mitterrand, débat présidentiel 1974, Vie publique
- ↑ Alain Duhamel, Les grands duels de la Ve République, Plon, 2009.
- ↑ Jean Garrigues, Les grands débats politiques, Armand Colin, 2012.
- ↑ Patrick Charaudeau, Langage et discours politiques, Hachette, 2005.
- ↑ Jean Garrigues, Les grands débats politiques, Armand Colin, 2012.
- ↑ Le Monde, 11 mai 1974
- ↑ Alain Duhamel, Les grands duels de la Ve République, Plon, 2009.
- ↑ Serge Berstein et Jean-Pierre Rioux, La France de l’expansion, Seuil, 2005.
- ↑ Monique Dagnaud, La tentation populiste, PUF, 2012.
- ↑ Jean-Marie Cotteret, La Communication politique, Armand Colin, 1991.