Mettre fin aux privilèges
| Mettre fin aux privilèges | |
|---|---|
| Type | Slogan politique |
| Auteur | Multiples (origine Révolution française) |
| Date | 1789 (usage moderne variable) |
| Contexte | Débats sur l'égalité, la justice fiscale et le statut des élus. |
| Pays | France (et autres pays démocratiques) |
| Thème | Égalité, Justice sociale, Transparence, Anti-élitisme |
L'expression « Mettre fin aux privilèges » est un slogan politique fondamental qui appelle à l'abolition des avantages ou des droits particuliers dont bénéficient certains groupes, institutions ou individus, souvent au détriment de l'égalité républicaine ou de la justice sociale.
Définition
L'expression désigne l'action de supprimer des privilèges (du latin *privilegium*, « loi privée »), c'est-à-dire des droits, avantages ou exemptions qui sont accordés à une personne ou à une catégorie de personnes par dérogation au droit commun. Dans le discours politique contemporain, elle est principalement utilisée pour dénoncer :
- Les avantages matériels, fiscaux ou statutaires jugés excessifs ou non justifiés dont bénéficient les élus, les hauts fonctionnaires ou les anciens chefs d'État.
- Les niches fiscales ou les régimes dérogatoires jugés inéquitables pour certaines catégories socio-professionnelles ou entreprises.
- Plus largement, toute situation d'inégalité de fait ou de droit qui contredit le principe républicain d'égalité de tous devant la loi.
«Un nouvel ordre au sein duquel a été créé “un individu-citoyen délivré de toute appartenance collective et dont la liberté est assurée par la fin des privilèges... et par l'invention du principe d'égalité des citoyens devant la loi”» — Presses de l'Université Toulouse Capitole, Revue en ligne OpenEdition Books, « La loi doit être la même pour tous », 2025 (date du document numérique)[1]
Contexte
L'expression est un héritage direct de la Révolution française de 1789, qui a vu l'abolition des privilèges de la noblesse et du clergé. Elle résonne ainsi profondément dans l'imaginaire politique français, symbolisant la construction d'une République basée sur l'égalité et l'universalisme.
Objectifs
- Assurer l'égalité de tous les citoyens devant la loi, l'impôt et les charges publiques.
- Lutter contre l'élitisme et la perception d'une « caste » politique ou administrative déconnectée.
- Rétablir la confiance des citoyens dans les institutions et les représentants politiques en exigeant l'exemplarité républicaine (transparence, probité).
- S'opposer à la résurgence de formes de corporatisme ou d'avantages indus dans la société moderne.
Exemples
- Débats sur les régimes spéciaux de retraite (ex: Réformes des retraites de 2003, 2010, 2019-2023) : Le slogan est souvent mobilisé pour justifier l'alignement des régimes spéciaux (SNCF, RATP, fonctionnaires, etc.) sur le régime général, dénoncés comme des privilèges.
- Propositions de lois sur la moralisation de la vie publique (2017) : Visait notamment à encadrer les avantages et rémunérations des élus (fin du cumul de certaines pensions, encadrement des frais de mandat, interdiction d'embaucher des membres de la famille).[2]
Histoire
Historique de cet élément
Ses origines et ses usages politiques en France sont indissociables des grandes étapes de la lutte pour l'égalité :
| Période | Événement / Contexte |
|---|---|
| Août 1789 | Abolition des privilèges par l'Assemblée nationale constituante, marquant la fin de l'Ancien Régime.[3] |
| XIXe siècle | Usage dans le discours républicain et socialiste contre l'aristocratie de l'argent et les inégalités sociales persistantes. |
| Années 1990-2000 | Réapparition dans le débat public ciblant les avantages des élus et les régimes spéciaux, souvent amplifié par des affaires politico-financières. |
| Années 2010-2020 | Devenu un axe central des programmes populistes ou anti-système, qui visent à dénoncer les privilèges de la "caste" dirigeante (politiques, hauts fonctionnaires, corps d'inspection, etc.).[4] |
Cette trajectoire montre comment l'expression, née d'une rupture historique, est continuellement réactivée pour désigner les nouvelles formes d'inégalités perçues comme allant à l'encontre de l'idéal républicain.
Analyses
Analyses académiques
- Pierre Rosanvallon (Historien et sociologue) analyse la notion d'égalité comme une « quête incessante » et souligne que la dénonciation des privilèges modernes est la manière dont se reformule l'exigence d'une égalité « réelle » face aux rigidités sociales et administratives.[5]
- Jérôme Fourquet (Politologue) et d'autres analystes de l'IFOP mettent en lumière le rôle de cette dénonciation dans l'érosion de la confiance envers les élites. La thématique des « privilèges » des élus ou des fonctionnaires incarne le fossé perçu entre les citoyens et les dirigeants, contribuant à la dynamique du vote protestataire.[6]
Réactions de sociétés civiles / syndicats
- Le slogan est fréquemment repris par les mouvements sociaux (ex: Gilets Jaunes, manifestations contre la réforme des retraites) pour cibler non seulement les avantages des dirigeants, mais aussi les inégalités fiscales ou les aides publiques perçues comme des « privilèges » pour les grandes entreprises.
- Des associations et plateformes citoyennes, comme celle de l'Assemblée nationale, relaient des pétitions demandant la « fin des privilèges politiques » pour exiger plus de transparence et de modestie de la part des représentants.[7]
Variantes
- « Supprimer les rentes »
- « L'exemplarité républicaine »
- « Mettre fin au système »
Notes et références
- ↑ “La loi doit être la même pour tous” : vers la fin d’un principe républicain ?, Presses de l'Université Toulouse Capitole, OpenEdition Books
- ↑ Loi n° 2017-1339 du 15 septembre 2017 pour la confiance dans la vie politique, Vie-publique.fr
- ↑ L'abolition des privilèges (nuit du 4 août 1789), Gouvernement.fr
- ↑ Mettre fin aux privilèges, l'argument massue des populistes, Le Figaro, 17 juin 2016
- ↑ Pierre Rosanvallon, De l'histoire du politique à la réinvention de la démocratie, Revue Esprit, 2011/2
- ↑ La fracture entre les Français et leurs élites, Fondation Jean Jaurès, 2020
- ↑ Pour une République exemplaire : fin des privilèges politiques, Plateforme des pétitions de l'Assemblée nationale